Corrandes d’exili – Joan Oliver (1947)
Une nuit de pleine lune
Nous passons le col
Lentement sans rien dire
Si la lune est pleine
Pleine aussi est notre peine
L’aimée m’accompagne
La peau brune et l’air grave
Comme cette Madone
Que nous avions trouvée dans la montagne
Comme une Madone
L’aimée m’accompagne
Pour qu’elle nous pardonne cette guerre
Qui l’a saignée, qui l’a brisée
Avant de passer la frontière
Je m’agenouille et embrasse la terre
Et la caresse de l’épaule
En Catalogne j’ai laissée
Le jour de mon départ
La moitié de ma vie endormie
L’autre moitié est venue avec moi
Pour ne pas me laisser sans vie.
Aujourd’hui en terre de France
Et demain peut être plus loin
Je ne mourrai pas de nostalgie
Mais de nostalgie je vivrai
Dans ma terre du Vallès
Trois rochers font une montagne
Quatre pins un bois épais
Cinq arpents en font le tour
Comme le Vallès il n’y a rien
Une crique que ces sapins entourent,
Une chapelle sur la colline
Sur la plage un parasol
Qui bat comme une aile
Une espérance défaite
Un regret infini
Et une patrie si petite
Qu’on la rêverait complète
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