L’histoire de la famille Bonet est étroitement liée à celle du célèbre architecte Antoni Gaudí. En effet, l’architecte Lluís Bonet Garí (1893-1993), oncle de Jordi Bonet, a été disciple du génie catalan et architecte en charge de la Sagrada Família de 1971 à 1980.
Son fils, Jordi Bonet Armengol (1925 – ), cousin de notre Jordi Bonet catalanoquébécois, a été, lui aussi, architecte de la Sagrada Família, entre 1985 et 2013. Dans un article paru dans La Presse en 2012, Jordi Bonet Armengol se présentait ainsi :
Dès l’ouverture, les touristes font la queue à l’entrée. C’est là que le septième architecte responsable du chantier, Jordi Bonet, rejoint La Presse. Apprenant qu’il a affaire à des Québécois, il prend les devants : «Je porte le même nom que mon cousin, Jordi Bonet, l’artiste, qui a vécu au Québec.» L’«autre» Jordi Bonet a eu une carrière florissante de peintre, de sculpteur et de céramiste. Une passion pour l’art qui court dans la famille…
Sagrada Familia: un sacré chantier! Isabelle Audet, 2012 https://www.lapresse.ca/voyage/destinations/europe/espagne/201204/02/01-4511577-sagrada-familia-un-sacre-chantier.php
Lluís Bonet Armengol (1931 – ), frère de Jordi Bonet Armengol et cousin de notre Jordi Bonet, a été curé de la paroisse de la Sagrada Família. C’est lui qui officiait les messes dans la crypte de la Sagrada Família, où Antoni Gaudí est enterré. Il a été le promoteur du processus de béatification de Gaudí qui, d’après plusieurs experts, pourrait se concrétiser en 2026, lors du 100e anniversaire de la mort du génie moderniste catalan.
En 1966, le compositeur Narcís Bonet Armengol (1933 – 2019), fils de Lluís Bonet Garí et cousin de Jordi Bonet, a composé la symphonie Homenatge a Gaudí, soit «Hommage à Gaudí». Mort en janvier 2019, Narcís Bonet non seulement avait reçu la Creu de Sant Jordi de la Generalitat de Catalunya (la plus haute distinction de la Catalogne), mais il avait aussi été fait officier de l’Ordre des arts et des lettres de la République française.
À Montréal, c’est en 1964 que Jordi Bonet a créé son propre Hommage à Gaudí : huit hauts-reliefs de céramique, pesant chacun 360 kg, avec lesquels il a couronné les portes d’accès à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts de Montréal.
Comme l’explique l’historienne de l’art Susan Surette, ces panneaux évoquent aussi « les grottes et les peintures des cavernes » et invoquent une histoire très ancienne de la performance théâtrale, ainsi que « son potentiel transformatif mystérieux », presque magique. Dans cette œuvre, Bonet parle d’amour et de fécondité non pas d’une manière joyeuse ou lyrique, mais plutôt en renouant avec quelques profonds rituels ancestraux et païens.
https://placedesarts.com/fr/blogue/amor-jordi-bonet
En Catalogne, on trouve des peintures rupestres, dont celles d’Ulldecona (image ci-dessus), qui font partie de la liste du patrimoine mondiale de l’UNESCO. Jordi Bonet connaissait sans doute cet Art rupestre du bassin méditerranéen de la péninsule Ibérique, le plus grand ensemble de sites d’art rupestre de toute l’Europe.
Lorsqu’il crée cet Hommage à Gaudí, Bonet est un jeune artiste d’origine catalane installé au Québec depuis neuf ans et qui depuis 1958 est très en vogue, réalisant de nombreuses murales aux allures archaïques. L’année 1962 fut particulièrement faste : Pavillon des sciences de l’Université Laval à Québec, Église Christ-Roi à Moncton, bâtiment de Bell Canada à Ottawa, cégep du Vieux-Montréal… C’est dans ce contexte qu’il élabore ces murales en céramique s’inspirant très librement de l’architecte Antoni Gaudí, lui aussi catalan.
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Lorsqu’il réalisa ces tympans, Bonet n’avait pas encore défrayé la chronique avec son œuvre pour le Grand Théâtre de Québec. […] Néanmoins, dans les années soixante, les œuvres de Bonet traitaient déjà de la naissance et de la mort, mais aussi de rituels qui, comme la création artistique, défient le néant.
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